Apprendre à s’ennuyer : un luxe pour les enfants d’aujourd’hui?
Dans un monde où le moindre moment d’attente est comblé par un écran, un jeu ou une activité organisée, l’ennui est devenu rare — presque tabou. Pourtant, s’ennuyer, c’est loin d’être une perte de temps. Et si c’était même un luxe éducatif à redécouvrir ?
🧸 L’ennui, un moteur oublié de la créativité
Quand un enfant s’ennuie, il explore. Il fouille dans sa tête, invente, rêve, dessine, construit des histoires avec trois cailloux et deux bouts de ficelle. L’ennui, c’est l’espace vide dans lequel germe l’imaginaire. Or, dans nos vies trop rythmées, nos enfants passent souvent d’un cours de musique à un atelier de codage, d’un épisode de dessin animé à un jeu éducatif. Résultat : leur cerveau ne respire plus.
🕓 Le temps long : une denrée rare
L’ennui, c’est aussi un apprentissage du temps qui passe lentement. Et dans une société d’immédiateté, c’est presque une révolution. Attendre, patienter, ne rien faire… Autant de situations qui peuvent paraître inutiles, mais qui sont en réalité fondamentales pour développer la concentration, la tolérance à la frustration et l’autonomie.
📱 L’ennui face aux écrans
Il faut bien le reconnaître : les écrans sont devenus les grands ennemis de l’ennui. Dès qu’un enfant s’agite ou soupire, la tentation est grande de lui « donner quelque chose à faire ». Et souvent, cela passe par une tablette ou un smartphone. Mais remplir chaque instant vide, c’est lui retirer la possibilité d’inventer son propre monde.
🌱 Cultiver des moments « vides »
L’idée n’est pas de priver les enfants d’activités, mais de leur laisser des plages de respiration. Des après-midis sans programme, des trajets sans écouteurs, des temps calmes où rien n’est prévu. Et surtout, de ne pas s’inquiéter si un enfant dit : « Je m’ennuie. » C’est souvent le début de quelque chose de précieux.
Et si on redonnait une place à l’ennui ?
En valorisant les moments creux, en déculpabilisant l’inactivité apparente, on offre aux enfants une chance de se connaître, de s’écouter, de créer — bref, de grandir autrement. Car s’ennuyer, parfois, c’est tout simplement apprendre à être.